Après sept voyages estivaux, nous sommes repartis, Nicole et moi, pour un dernier tournoi de l’année, et comme nous voulions jouer avec intensité nous sommes partis pour le 19.ème tournoi organisé par CAP-Échecs au CCAS du cap d’Agde, là même où nous avions joué le championnat de l’AÉPA en 2019.
Avant ce grand rendez-vous échiquéen, nous avons fait une halte près du Lac du Salagou, occasion de découvrir une région inconnue pour moi, couverte de chênes et de châtaigniers. Nous sommes arrivés le vendredi 29 octobre, accueillis aux portes du Domaine par toute une joyeuse équipe chargée de vérifier nos pass sanitaires. Cette obligation fut passée sans encombre et nous avons été «bagués», mais dit-on bagué alors qu’il s’agit d’un petit bracelet rouge enserrant notre poignet indéchirable et inenlevable. On nous avait attribué un petit bungalow très confortable et bien équipé. Il faisait trop froid pour profiter de la plage mais nous avons fait de nombreuses marches entre le Port et la frontière du camp naturiste, ce qui fait un assez vaste terrain pour profiter de la nature bien présente entre les villas et les villages de vacances de ce bord de mer.
Le tournoi de Cap-Échecs rassemble quatre tournois de différentes forces, Le Fil rouge, l’open de l’Avenir, le tournoi du Cavalier et le Grand Prix, et des tournois de démonstration avec des champions invités pour meubler nos heures entre les parties de ces tournois… Enfin, pendant quatre matinées, il y avait un tournoi rapide et le dernier jour un tournoi de blitz! De quoi satisfaire tout un public d’amateurs et de passionnés qui purent se frotter avec des vrais professionnels comme Anatoli Karpov, Marc-Andria Maurizzi, Veselin topalov, Luca Moroni, Daniel Dardha, Yannick Gozzoli, Marie Sebag, venue avec son école d’échecs parisienne: «Les Petits Pouchet», etc.
Nicole et moi étions inscrits dans le tournoi de l’Avenir, moins de 1.700 points Élo, où jouaient aussi Théo Ambrosino et Dédé (André Clauzel). Théo tout auréolé de ses excellentes performances des Olympiades de Rhodes était cloué dans un fauteuil roulant dû aux doubles fractures de ses genoux, et il était poussé par Élisabeth, sa mère, qui le secondait aussi pour noter les parties. Ils habitent à vingt minutes de voiture du cap d’Agde et venaient chaque jour pour jouer. Théo est un habitué de Cap-Échecs où il a déjà fait de nombreux concours, ainsi que son grand-frère. Dédé, Théo et moi bénéficions de places réservées et fixes derrière la tribune des arbitres de la grande salle du tournoi de l’Avenir. Ce tournoi était partagé en deux salles et se jouait dans le village de vacances de Belambra. En effet, le CCAS déborde et ne peut pas contenir les 643 joueurs d’échecs qui s’y affrontent. Des amis, membre du club d’Aubagne, disposaient eux d’un petit bungalow dans ce village qui se situait en bord de mer à une dizaine de minutes à pieds du CCAS. En début de semaine, le temps était mauvais et le vent poussait les eaux vers la terre si bien qu’on ne pouvait pas rejoindre Belambra à pieds secs et il avait fallu installer une passerelle sur le bras de mer qui nous en séparait avec des palettes en bois! Difficile et périlleux avec une canne blanche… Mais sur la fin de notre séjour le temps est revenu au beau fixe et on avait pu retrouver un chemin très praticable.
Le COVID étant passé par là, les self-services du réfectoire avaient été remplacés par un service à table, et nous avons très bien mangé pendant les neuf journées de notre séjour…
Comme toujours, j’ai rencontré de nombreux jeunes joueurs: ma plus jeune adversaire n’avait que six ans et demi! Mes résultats furent assez médiocres, car je finissais 175.ème sur 214, en marquant 3 points sur 9, après avoir joué avec Philippe Roche, médecin bordelais en retraite, avec Rémy Lavillat, 22 ans de Sassenage près de Grenoble, avec Timéo Ientile, 11 ans, de Villeurbanne, avec Emmi Abergel, 13 ans de Paris, avec Elsa Boujon, 6 ans, de Paris, avec Hugo Dang Trang, 11 ans de Paris, avec Dominique Lopez, d’Alès, avec Natalia Rachid, 10 ans de Paris, et enfin, avec Cléa Quaresma Dos Santos, brésilienne de Paris depuis 21 ans et membre du club 608 de Dédé!
Natalia m’a surpris par sa maîtrise du jeu, mais j’ai appris ensuite de la part d’un de nos arbitres qu’elle était membre d’une fratrie de quatre joueurs dont le père réfugié politique était pachtoune et la mère russe. Et si je la rencontrais en fin de tournoi avec un petit score, c’était tout simplement parce qu’elle était de retour des championnats de France et avait déclaré forfait pendant les premières rondes…
Nos amis de l’AÉPA ont fait mieux que moi: Théo était ainsi le premier des joueurs non récompensé, puisque seuls les 15 premiers l’étaient alors qu’il était… seizième!
Dédé, lui a fini avec la moyenne et 4,5 points sur 9 (104.ème sur 214).
Parmi les belles histoires de ce tournoi, je voudrais vous conter celle de Paul Ribeiro. Ce jeune homme de 16 ans qui n’avait joué que sur ordinateur et qui vient d’intégrer le club de Lannemezan présidé par notre ami Laurent Izard a souhaité faire un «vrai» tournoi. Laurent l’a pris en charge et conduit au Cap d’Agde. En arrivant, l’appartement qu’il avait loué avait subi un dégât des eaux, si bien que nous les avons fait dormir tous les deux dans notre petit bungalow. Paul était inscrit dans le tournoi du Fil Rouge et, à l’issue des 9 rondes, il a terminé premier ex-aequo de son premier tournoi. Il est ainsi des gens qui, pour leurs coups d’essai, veulent des coups de maître. Je suis allé assister à la Cérémonie de Clôture, où il reçut son prix avant le banquet final.
Cette cérémonie était impressionnante avec la projection d’un film retraçant cette semaine de compétitions et de joyeuses rencontres et le dîner de gala, foie gras, champagne et excellents mets était au niveau d’une grande compétition internationale comme celle-ci.