-« QUAND ON N’Y VOIT RIEN EN CÔTE D’IVOIRE »…

Organisée par l’association internationale des échecs francophones -l’AIDEF-, sous l’égide de l’organisation internationale de la francophonie -l’OIF-, la neuvième rencontre internationale des échecs francophones -la RIDEF- s’est tenue à Yamoussoukro, capitale de l’État de Côte d’Ivoire, du Ier au 13 juillet 2023.
J’avais rencontré le Président de la Fédération ivoirienne des échecs, le juge Justin BROU Kouassi, en novembre 2016, lors de la IVe RIDEF qui s’était tenue en France, à Menton, près de Monaco. Assis côte-à-côte lors du dîner de gala, nous nous étions présentés et quand il m’avait dit : -« Je suis ivoirien », je n’ai pu m’empêcher de répliquer : -« moi aussi, j’y vois rien ». Justin partit d’un grand rire joyeux et chaleureux.
Cet homme déterminé, magistrat de carrière dans son pays, qui y a restauré la crédibilité internationale du sport échiquéen, en organisant des championnats nationaux en Côte d’Ivoire, avait à coeur depuis sept ans d’accueillir une RIDEF, et enfin, ce temps est advenu.
La cérémonie d’ouverture s’est tenue dans la Fondation Houphouët Boigny pour la paix, qui sous l’égide de l’UNESCO accueille des évènements nationaux, on y reçoit le Sénat de Côte d’Ivoire dans son amphithéâtre luxueux pour quelques séances solennelles.
Ainsi, ce dimanche 2 juillet 2023, nous avons pu entendre, dans cet amphithéâtre plein d’une foule en délire, le Juge Justin BROU interpréter avec musiciens et danseuses un hymne spécialement composé pour la IXe RIDEF.
« Pour la première fois en Afrique subsaharienne, … Rendez-vous neuvième RIDEF Akwaba Yamoussoukro, Mes chers parents, je vous dis jouons aux échecs, ça rend intelligent, c’est bon pour les enfants, 45 pays se sont réunis, ont créé l’AIDEF, partout dans ces pays francophones, on joue aux échecs, IXe RIDEF O I F, Yamoussoukro 2023 capitale mondiale du jeu d’échecs et dans chacun d’eux on joue aux échecs, A Bruxelles, la Belgique, à Paris, la France, Monaco-Monte-Carlo, à Tunis en Tunisie, à Abidjan et Yamoussoukro, Mes chers enfants, etc. »
Hymne entraînant et joyeux qui nous mettait tout de suite dans l’ambiance de ce pays jeune et dynamique où de nombreux enfants pratiquent le jeu d’échecs. Pour la première rencontre en Afrique subsaharienne, nous pouvions noter la présence de délégations de toute l’Afrique francophone, avec trois délégations plus importantes et plus fortes que les autres, celles du Maroc, de la Mauritanie et de Madagascar.
Cependant malgré la mobilisation africaine, ce sont nos amis d’outre-Atlantique qui ont écrasé la compétition en occupant les trois premières marches du podium : l’an prochain, à Québec, ils joueront à domicile et ce sera donc encore plus difficile de les battre !
Le palmarès complet figure
sur le site de l’AIDEF
Je représentais la Principauté de Monaco, délégué par notre fédération nationale, car chaque pays francophone est invité à déléguer au moins un joueur représentant son pays.
Mais,j’étais aussi le seul aveugle en compétition, car mes collègues de l’AÉPA qui avaient voulu venir en avaient été empêchés par divers motifs. Aussi, ai-je fait sensation avec notre manière particulière de jouer, le jeu aimanté en relief, la nécessité des horloges parlantes et de jouer sur deux jeux différents. Mes petits partenaires notamment étaient impressionnés, et j’ai reçu de nombreux témoignages des parents me félicitant pour l’exemple que je donnais ainsi à leurs enfants.
J’ai joué avec:

  • le champion ivoirien, Nicolas Cogan,
  • Ouaga-Yohann 12 ans
  • Fabrice 23 ans
  • Sam Ezan Palm Olivier,
  • Emmanuel, et Aurore Doué 15 ans,
  • tous ivoiriens et

  • un jeune mauritanien, Mohamed Hammam,
  • et

  • un nigérien, Missa Yakou Bassoulé.

L’arbitre strasbourgeois Laurent FREYD, assisté de jeunes africains serviables, Ulrich et Avemaria notamment, fit l’unanimité par sa gentillesse et son implication. Il a même poussé l’intégration ivoirienne au point de se faire tailler un costume local dans lequel il a présidé la cérémonie de clôture et de remise des prix.
Pour ma part, je revenais avec le troisième prix des vétérans, loin derrière nos champions, jeunes maîtres et grands maîtres qui trustaient les podiums les plus prestigieux, mais l’essentiel n’est-il pas de participer ? Surtout quand la participation nous permet de rencontrer des gens charmants et de se faire des amis en côte d’Ivoire !
Je citerais au premier chef, le docteur Peled Gonto qui est allé me chercher à l’aéroport et m’y a ramené. Ce médecin qui dirige un centre de santé dans la ville de Daloa, soigne quelques milliers d’ivoiriens. Il est le premier Vice-Président de la fédération, et il était aussi chargé de la cellule de santé du tournoi, avec son infirmière Clarisse, qui veillaient sur les concurrents.
Bérénice Kouassi et son petit frère participaient au tournoi. Bérénice, quinze ans, est pétillante de gentillesse, elle m’a guidé pour la visite de la plus grande église catholique du monde, la Basilique Notre-Dame de la Paix, plus haute et plus large que Saint-Pierre de Rome dont S.S. Saint-Jean-Paul II avait posé la première pierre et que le premier Président de la République de côte d’Ivoire avait voulu ériger sur cette terre moitié chrétienne et moitié musulmane.. Il a construit aussi dans la capitale une grande mosquée. Mais l’ethnie baoulé qui occupe la région des lacs, région centrale du pays où a été construite la capitale est principalement chrétienne.
Le lundi 10 juillet, seul jour de relâche du tournoi, il avait été prévu de visiter le Parc Animalier d’Abokouamékro pour y faire un safari-photo. Ce parc est décrit dans notre invitation comme « le Trésor de la Côte d’Ivoire », mais, hélas, nous avons appris que les animaux n’y étaient plus : les villageois avaient mangé le trésor car on leur avait promis une rémunération pour maintenir en l’état cette Réserve de plus de 20000ha, mais comme les subsides n’avaient pas été versés, les villageois avaient mangé les éléphants, rhinocéros et autres antilopes… « Du coup », nous sommes allés visiter la résidence de feu Félix Houphouët-Boigny -1905-1993-.
Cette résidence est un vrai palais meublé et décoré à la française et le gouverneur aimerait en faire un musée afin de l’ouvrir au public. En effet, les successeurs de « FHB » n’y résident pas, ce musée pourrait garder le souvenir de celui qui est le père de la Côte d’Ivoire indépendante.
On y trouve notamment la crypte où il est enterré avec les membres de sa famille, et aux abords du palais, nous avons participé au déjeuner de midi des crocodiles qui peuplent les lacs qui entourent les monuments du centre-ville. Pas moins de quatre-vingt poulets furent lancés aux caïmans venus prendre leur déjeuner avec gourmandise…
Le dîner de clôture fut offert à « La Brise », restaurant-pizzéria où chacun a pu pousser la chansonnette avec l’orchestre ! Évidemment notre hôte a chanté sous les acclamations des participants, et le très actif Président de l’AIDEF, le belge Patrick Van Hoolandt, nous confirmait que la prochaine RIDEF, la dixième, se tiendrait à Québec, et que la onzième rencontre se ferait peut-être à Doha : en effet, le Qatar a rejoint la « francophonie »…
JHL

Laisser un commentaire