Du 6 au 15 octobre 2023, j’ai participé au Championnat open d’Autriche à Mönichkirchen, à 80 km de Vienne. Après un voyage depuis ma profonde Ariège, qui s’est étalé sur toute la journée, je peux me détendre enfin arrivé à l’hôtel et devant le repas servi où j’eus droit à une gustative soupe, du schnitze mais pas encore viénois celui-ci, ce sera pour plus tard dans le séjour et, un dessert le soir, fait qui se révèlera exceptionnel, les desserts étant réservés aux midis, un struddel donc en termine avec les réjouissances des papilles pour ce premier jour. En général, les soupes ont été toutes particulièrement délicieuses.
Je retrouve notre ami belge Alex qui lui a mis autant de temps que moi mais a préféré le train.
Samedi 7 octobre
8h30, ouverture des hostilités, la cadence est nouvelle pour moi et une antiquité très peu pratiquée encore dans le monde, 2h/40 coups_1H/50 coups; je suis face à l’un des meilleurs, direct dans le grand bain, je perds mais très honorablement, nous finissons parmi les derniers. Une partie très intéressante dans laquelle mes cavaliers ont appris des bonds d’équilibristes qui les ont mené où jamais j’aurais de moi-même imaginer les retrouver. Logique respectée, je commets le premier la petite erreur qui fera la différence, j’abandonne félicitations KURT!
Après le repas pour se remettre de la défaite, l’après-midi se révèle être très sportive! Un petit groupe de cinq partons à l’ascension des pistes de ski encore recouvertes de leur manteau vert. Sur la route, nous respirons au parc de l’eau, une pièce fermée arborée de sapins et autres arbres montagnards à essence, et où l’eau ruisselle entre les arbres, chute depuis des circuits aménagés; un petit salon de quelques chaises nous invite à la méditation et au repos dans cette enceinte humide de senteurs d’arbres et de bruits d’eau sous toutes ses formes, cascades légères, courant d’eau décidé, filet d’eau fuyant et gouttelettes épisodiques.
Un peu plus loin,, nous trouvons un petit bassin dans lequel nous pouvons peut-être boire mais plonger nos mains et bras dans une eau très très fraîche. Et enfin, je compris enfin pourquoi toutes ces douceurs en aval, un mur habituellement dévalé par les skieurs nous attendait à monter à pied; j’ai redécouvert mon anatomie dans son ensemble. Finalement gravi, nous nous félicitons de cette excursion au chalet bar du haut des pistes. Le soleil étant au rendez-vous, la ballade était très agréable, les touristes descendaient ces pistes en vélo ou tricycle et je vous prie de croire que ce devenait un autoroute à haute vitesse. Nous redescendîmes donc prudemment dans la bonne humeur. Nous apprîmes une fois de retour à l’hôtel que certains, moins sportifs ou plus malins, avaient trouvé pour monter tout cela avec un espèce d’ascenseur ou télécabine.
Fatigué, je fus quand même fier d’avoir fait cela à pied plutôt qu’en machine…
Le repas du soir est officiellement à 18h mais je parviens à m’inviter à la table du Président Mahendra GALANI qui, lui mange à 20h pour des raisons de santé, je me réjouis de pouvoir me joindre à lui pour manger à une heure qui me paraît plus à mon goût.
Dimanche 8 octobre
Nous ne jouons qu’à 14h pour laisser libre cours à ceux qui veulent se rendre à l’église ou au marché, je voulais y aller mais, le petit déjeuner de 7h30 me paraît bien trop tôt pour un dimanche donc, je choisis de me reposer et de même louper le marché pour déjeuner et enchaîner sur ma partie du jour.
Je gagne une qualité, mon adversaire abandonne pour une diagonale oubliée. Chouette mon premier point. Merci Helmut!
Lundi 9 octobre
Grosse journée ce jour, nous jouons deux rondes à 8h30 et 14h. Ronde du matin, c’est le Brexit, j’affronte notre londonnien du tournoi! Il fut très généreux à me distribuer gratuitement un puis deux pions, je gagne! Me voilà dans un bon wagon! Congratulations Simon!
L’après-midi, j’affronte l’ancien président de l’association autrichienne des échecs pour Déficients visuels, il me dit avoir connu et affronté, je ne sais où mais non en Tournoi des 6 Nations, notre André Schmeisser!
Il me la joua à l’expérience, il réfléchit précisément à un déficit de temps irrattrappable mais, je fais un mauvais choix, j’oublie une pièce à l’abandon en prise, je ne reverrai jamais l’option de la récupérer; il gagne malgré la pression du temps mais rentre dans des choses tout à fait abordables pour un vieux briscard de sa trempe. Il gagne! Félicitations Gerart Pitzko!
Me voilà à 2 sur 4 au lundi soir, dans un très bon rythme, tournoi réussi si ça continue comme ça…
Mardi 10 octobre
Je rencontre un surnommé Eddy Nustala, je gagne facilement après avoir gagné une pièce sur une fourchette faite par un pion, puis il tente une attaque que j’accepte après calcul, je sacrifie un fou pour récupérer au moins trois pions mais, il ne fait pas le meilleur coup au 3e donc je lui inflige de nouveau une fourchette cette fois-ci avec un cavalier sans appel ses deux tours, un fou et un pion sont concernés, il abandonne!
Mercredi 11 octobre
En ce jour, je rencontre un frontalier suisse d’origine vietnamienne, Qrok Nguyen. Je ne sais de quel pied s’était-il levé, cet énergumen décida de ne pas me dire les coups en international, j’attends donc pour répéter son coup et lui stipule qu’il doit les dire en international ou allemand. Ce monsieur se tortille dans tous les sens, s’indigne, fait un raffut terrible dans la salle, larbitre le sanctionne d’un avertissement et lui intime de baisser d’un ton. Nous arrivons au bout de dix minutes à jouer un coup. 2e coup, il recommence, 3e coup il me mange mon pion d5 moi aussi puisque nous jouiions une Karo-Khan, et monsieur s’indigne que mon pion était en c5 alors qu’il avait répété correctement c6 sinon je l’aurai repris et corrigé lors du premier coup. Il appelle l’arbitre, qui relit la partie sur mon bloc-notes et me donne raison. Il invective à tout va, l’arbitre lui demande de se taire, il balaie les dires de l’arbitre qui me donna le point finalement pour ce comportement irrespectueux et conflictuel.
Toute la journée fut le terrain de tractations de sa part pour plaider son innocence. L’arbitre ne revint pas sur sa décision, moi non plus, en vue de son comportement, j’étais d’aucunes manières disposé à concéder un match nul ou quelqu’autre arrangement. Il est donc passé au dénigrement clamant que je ne parlais pas allemand alors que je venais de jouer cinq parties en allemand (même avec l’anglais nous avons joué le jeu de parler nos coups en allemand) sans aucun problème; puis aux menaces, si vous ne me donnez pas le match nul, je ne viens pas jouer demain! Il lui a été répondu que s’il ne venait pas jouer le lendemain matin, il serait définitivement exclu du tournoi. Il est resté campé sur ses opinions, n’est pas descendu jouer le jeudi matin et est resté comme ça sans jouer jusqu’au dimanche matin, prétextant toujours quelque chose pour ne pas partir dès le jeudi après-midi.
Ce n’est donc pas le meilleur point gagné mais il est quand même dans la besace, 4 sur 6!
Jeudi 12 octobre
Les choses deviennent très et trop sérieuses pour moi, me voilà face à Katski, un des grands champions favoris du tournoi. La partie est longue, très acharnée, il s’agit d’être le plus précis possible le plus longtemps posssible. Je décide donc de mettre les barbelés, bétonner et attendre, il a les noirs, il est le champion, s’il veut gagner qu’il me montre comment faire! Nous nous engageons dans un gambit dame accepté, je me sens bien car j’ai toujours entendu dire que les noirs de doivent jamais accepter de gambit que c’est mauvais pour eux s’ils s’obstinent à défendre et tenir ce pion en c4. Eh bien celui que je renommais ensuite Spasky me démontra le contraire alors je suis personne pour être en mesure de confirmer ou non la véracité de tout cela mais, lui, il a fait le choix de prendre ce pion, de le défendre du début à la fin et, il parvient à ses fins, il gagne! Nous finîmes en dernier, je suis content de ma partie, j’ai tenté une attaque finalement parce que je trouvai qu’attendre en balladant mes tours horizontalement en attendant de voir ce qu’il fait était peut-être de mon niveau, peut-être ce que j’aurai dû faire pour attendre et l’obliger à agir et se découvrir et peut-être me laisser du contre-jeu, mais je ne me reconnaissais pas dans cette attitude passive, prudente et stérile; alors j’ai eu l’audace et le courage d’essayer quelque chose qui selon mes calculs devait ou pouvait gagner une pièce mais il a dû aussi calculé et le voir donc il a fait échouer mon plan. Félicitations, très belle partie à analyser peut-être jusqu’à la mauvaise décision.
Je rejoignis Alex l’après-midi pour une petite ballade de six kilomètres à l’assaut de quelques raidillons encore et toujours, et de beaux endroits de forêt. Tout le groupe était là ou presque. Nous nous sommes restaurés au final de la ballade dans une auberge bar où nous avons passé un bon moment convivial. Merci Alex de m’avoir traduit en allemand là où l’anglais ne parvenait pas à se faire comprendre.
Vendredi 13 octobre
En ce jour démoniaque de vendredi 13, tous les éléments se liguent contre moi… Je ne peux pas jouer à 8h30, mon adversaire accepte de jouer à 14H, j’arrive à voir un médecin en urgence, les douleurs se calment, je déjeune et je livre combat à 14H encore un champion favori mais qui met beaucoup de temps à jouer… Et pour preuve, nous voilà au 20e coup, il me reste 1h40 et lui 40 minutes… La position est parfaitement matériellement égale, pions, dames, tours, j’ai un fou il a un cavalier, le jeu est très ouvert, il me propose nul. Je ne sais que faire ce large avantage au temps me tente, mais le jeu étant ouvert je me dis raisonnablement qu’il aura aucun problème à ballader tours, et dame sur des cases sans risque pour lui pour atteindre ses 40 coups avant la chute du drapeau, malgré le temps énormissime qu’il met même pour faire un échange évident…J’accepte le nul car j’estime qu’aussi il n’était pas du tout obligé d’accepter de jouer cet après-midi donc je me sens un peu redevable et comme dit plus haut, on peut aisément encore échanger des pièces pour simplifier l’échiquier et donc les déplacements sécurisés augmentereient aussi. Et, c’est un grand champion alors…J’accepte! 4,5 sur 8. Albert en fait a perdu la vue il y a un certain temps et depuis il prend un temps monstrueux pour jouer chaque coup peut-être qu’il a peur d’oublier diagonales ou fourchettes ou enfilades ou qu’il prend bien le temps de tout vérifier pour chaque mouvement en plus de sa grande capacité à voir les coups en avance dû à sa grande expérience. En effet, il ne commet pas d’erreurs sur l’échiquier mais cela demande peut-être une énorme concentration et vigilance qui lui prend tout ce temps. Tout le monde ma félicite de ce demi-point alors moi aussi je m’en félicite!
Samedi 14 octobre
Dernière ronde, je suis tenté de demander encore le report à l’après-midi car vraiment je ne me sens pas dans mon meilleur état pour livrer ce dernier combat mais je me résigne à prendre sur moi, n’étant pas insurmontable; il s’agissait de mon collègue d’excursion du samedi dernier; bref, en trois mots : il m’a ratatiné! Il joue très bien, je me laisse dépassé et perd logiquement mais il figure sur le podium ou non loin, je n’avais que 4,5 point et lui 5,5 je fus un peu surpris de constater cela mais bon l’ordinateur a décidé ainsi les appariements…
Ainsi se termine ce tournoi! Je termine avec un total de 4,5 sur 9 à la 12e place sur 23. Je me félicite d’être dans la première moitié de tableau ou le premier de la seconde moitié de tableau! Alex vient me passer devant à faire nul avec tout le monde, il me coiffe sur le poteau et je crois s’empare de la 10e place mais premier étranger avec 5 points, Simon, notre anglais termine je crois 15e avec 4,5 points aussi. Enfin pour clore tout cela un délicieux repas buffet nous est servi avec dessert le soir et clou du spectacle, accordéon et cuivre viennent pendant 4h dès 20h nous jouer les inconditionnels airs autrichiens aux rythmes militaires ou de pas de mule corse. Je me réfugiai sous couvert de ma condition de santé et j’assistai plutôt au match de rugby dans ma chambre…
Retour aux pénates dimanche 15e.
Conclusion! Être dans un tournoi où l’on ne parle pas la langue n’est pas évident. Tout le monde ne parle pas anglais et moi ne connaissant que quelques mots d’allemand. Cela réduit un peu de la convivialité et l’aisance à se fondre dans le moule général malgré tous les efforts de tous les anglophones dont je ne veux surtout pas leur enlever leur mérite.
Cela reste une expérience très intéressante à vivre. Le séjour était vraiment peu onéreux seulement 50 € par jour et par personne en pension complète. Seuls restent à notre charge boissons ce qui est normal et les transferts jusqu’à l’hôtel.
Une autre visite un après-midi était prévue pour découvrir les herbes médicinales. Je n’y ai pas pris part car ma connaissance en anglais de ces plantes était très limitée. Simon, notre anglais, m’a confirmé que j’avais fait le bon choix, il a trouvé cela long et peu pasionnant et sans un couple très sympathique Anna et Jurgen, qui lui ont littéralement tout traduit en anglais, il serait resté en délicatesse avec cette visite.
Revenir pourquoi pas, accompagné de plusde francophones serait plus confortable et agréable. Lieu, hôtel et tournoi très sympa, je recommande pour aller respirer un peu d’air pur en montagne autour d’un échiquier.
Signé: Volcy BUCHERIE